Capharnaüm ou Capernaüm (en hébreu כְּפַר נַחוּם Kəfar Nāḥūm ou Kfar Naḥūm, ou Tell Naḥūm, en arabe كفر ناحوم ou تل ناحوم) est un village de pêcheurs de l’ancienne province de Galilée, sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade (ou lac de Génézareth, ou mer de Galilée) au nord de l’État d’Israël. Sous la dynastie des Hasmonéens, ce village faisait de 6 à 10 hectares et sa population avoisinait les 1 700 personnes1.
Ce mot est surtout utilisé au sens figuré pour qualifier un lieu de grande pagaille, renfermant beaucoup d’objets entassés pêle-mêle, un endroit en désordrenote 1 et par métonymie un amas de ces objets. Ce sens, uniquement utilisé en français et beaucoup utilisé par Balzac, est justifié par Littré par le fait que Capharnaüm était lié à la lecture de l’évangile selon Saint-Marc, II, 2, sur l’attroupement lors de la venue de Jésus. Selon Larousse, il s’agit d’« une grande ville de commerce ». Il y a probablement aussi un rapprochement phonétique avec cafourniau (issu du latin furnus, « four »), petite pièce à côté de la maison servant de « débarras obscur ».
A.−Fam.Lieu de désordre et de débauche.[San Francisco] immense capharnaüm de tous les déclassés, où l’on jouait la poudre d’or, un revolver d’une main et un couteau de l’autre (Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 142).
B.−P. anal.
1.Lieu où s’entasse un bric-à-brac d’objets divers :
1. … elle fouillait ces fonds de magasins obscurs, capharnaüms où étaient enterrés des bustes, des cabinets florentins, des coffrets en porphyre, des marbres et des ors qui luisaient. E. et J. de Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 29.
2. Les bureaux du « génitron » en fait de terrible désordre, de capharnaüm absolu, de pagaye totale, on pouvait pas voir beaucoup pire… (…) un méli-mélo tragique, tout crevassé, décortiqué, toute l’œuvre à Courtial était là, en vrac, en pyramides, jachère… Céline, Mort à crédit,1936, p. 413.
− Spéc., vx :
3. − Qui t’avait dit de l’aller chercher dans le capharnaüm? (…) L’apothicaire appelait ainsi un cabinet, sous les toits, plein des ustensiles et des marchandises de sa profession. Flaubert, MmeBovary,t. 2, 1857, p. 93.
2.P. méton.Amas confus d’objets en vrac, fouillis.Un capharnaüm de paperasses et de parchemins.
− P. compar. :
4. … sa pensée était un capharnaüm, un bric-à-brac de juif, où étaient empilés dans la même chambre des objets rares, des étoffes précieuses, des ferrailles, des guenilles. R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 378.
Prononc. et Orth. : [kafaʀnaɔm]. Ds Ac. 1878-1932. Capharnion et cafarnion ds G. Sand, La Petite Fadette, p. 196, ds L. Vincent, La Langue et le style rustiques de George Sand dans ses « romans champêtres », 1916, p. 197. Étymol. et Hist. 1. 1649 « prison » (Mazarinade, Agréable et véritable récit de ce qui s’est passé devant et depuis l’enlèvement du roi…, Paris, J. Guillery : On en [des mutins] met in Capharnaum), attest. isolée; 2. 1833 « lieu renfermant des objets entassés confusément » (Balzac, Ferragus, p. 103); 1849 carphanion, carphanaüm (G. Sand, La Petite Fadette, p. 223). Du topon. biblique Capharnaüm, ville située au bord du lac de Tibériade, où Jésus fut assailli par une foule hétéroclite de malades faisant appel à son pouvoir guérisseur. Fréq. abs. littér. : 29. Bbg.Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 316. − Darm. 1877, p. 45. − Pohl (J.). La Maison ds les fr. marginaux. Vie Lang. 1969, p. 81.